Trouble de la Personnalité Limite

Le Trouble de la Personnalité Limite (TPL, appelé aussi trouble borderline, personnalité limite, état limite ou trouble de la personnalité émotionnellement labile) est un trouble psychologique et psychosocial sévère, dans lequel les personnes présentent une difficulté très importante à réguler leurs émotions et leurs comportements.

La vulnérabilité émotionnelle est la partie biologique de la maladie :

  • hypersensibilité
  • hyper-réactivité
  • lent retour à la normale.

Voici les 5 dérèglements caractéristiques des TPL. Ces dérèglements sont lents à percevoir, mais au final très déstructurants pour le malade et ses proches. On parle de dérèglement quand la personne est hors de contrôle, pas simplement bouleversée ou fâchée, mais bien hors de contrôle.

  1. Dérèglement des émotions (très différent des troubles de l’humeur des bipolaires) ;
  2. Dérèglement des relations (ces dernières sont souvent chaotiques et ce n’est donc qu’après des échecs répétés que le dérèglement pourra être décelé) ;
  3. Dérèglement de l’image de soi (apparaît plus nettement à partir de l’adolescence) ;
  4. Dérèglement des comportements (pas toujours simple de faire la différence entre un comportement bizarre ou différent et un trouble bien réel) ;
  5. Dérèglement cognitif (scolarité et vie professionnelle en dents de scie avec des points de cristallisation lors de l’entrée en maternelle, du passage en CP, en quatrième, au lycée, ou encore au moment du bac ou du premier emploi…).

Et ce n’est généralement qu’après avoir subi cette accumulation de dérèglements que l’on commence à se dire que quelque chose ne fonctionne pas de manière classique.

Au final, les problèmes rencontrés par les personnes qui souffrent du TPL se manifestent par des émotions très intenses et changeantes (comme la honte, la colère, la tristesse ou l’anxiété), des relations chaotiques, une forte impulsivité, un sentiment instable de l’image de soi, des tentatives de suicide et/ou des automutilations, des craintes d’abandon et un sentiment chronique de vide.

 

Dans la classification scientifique officielle des maladies psychiatriques (DSM V), il existe 9 critères diagnostiques du Trouble borderline de la Personnalité Limite. Voici donc la classification propre à cette maladie, par ordre de fréquence, sachant que dans ces 9 critères, il en faut au moins 5 pour établir une possibilité de TPL. En effet, la plupart de ces critères peuvent se retrouver de façon isolée, provisoire ou raisonnable chez tout un chacun.

Le TPL se manifeste en outre souvent par d’autres troubles associés.

  1. Peur de l’abandon
    Cette peur peut prendre des proportions extrêmes : ainsi une personne TPL qui devra attendre quelques minutes un médecin pourra trouver cette attente terrible, au point de partir ou se taire en entretien, considérant qu’elle ne compte pas assez pour le professionnel censé s’occuper d’elle.
  2. Fluctuation marquée de l’humeur 
    Écorché vif, le TPL vit tout de façon intense, durable, exponentielle. C’est un-raz-de marée émotionnel, qui influe sur sa concentration et sa motivation, et rend le fil conducteur de sa vie plus difficile.
  3. Impulsivité 
    La réaction aux émotions est immédiate, pas pensée. Elle permet de sortir du vécu trop douloureux où un rien blesse facilement, et met en colère. Si la personne TPL se pose et y réfléchit, elle regrettera ensuite, d’autant que sa première peur est celle de l’abandon.
  4. Répétition de comportements suicidaires
    L’impulsivité associée au sentiment d’abandon ou de vide pousse de nombreuses personnes TPL à passer à l’acte, n’envisageant aucune autre option pour faire taire leur souffrance. 70% franchissent le pas et 10% « réussissent ».
  5. Automutilation
    Les automutilations comme la pratique des scarifications répond au besoin de se sentir vivant, de reprendre contact avec soi, d’éprouver la douleur physique pour étouffer la douleur psychique.
  6. Relations inter personnelles instables et intenses
    La personne TPL vit ses relations de façon extrême : je t’adore ou bien je te déteste. Exigeante et exclusive, elle demande beaucoup à ses proches, ne parvient pas à gérer les conflits et  vit très mal des situations de rejet et les ruptures. Si on est fatigué et qu’on ne va pas vers elle, la personne TPL ressent un sentiment d’abandon. Quand on revient, elle commence par dramatiser, tout en ayant besoin qu’on ne la laisse pas tomber. Les réseaux sociaux deviennent vite dangereux pour la personne TPL qui subit de plein fouet les commentaires ou à l’inverse les non réactions de la communauté.
  7. Sentiment chronique de vide
    La personne TPL vit avec un sentiment de vide intérieur, comme un manque immense, une coquille vide ou l’impression de n’être pas vraiment là. Elle n’aura de cesse de vouloir combler cette angoisse par des comportements impulsifs et des mises en danger.
  8. Instabilité de l’image de soi, personnalité caméléon
    La personne TPL a des difficultés à prendre des décisions, à se maintenir dans une même direction. Elle voit les choses en noir et blanc, et ses avis sont rarement nuancés.
  9. Symptômes dissociatifs ou paranoïa
    La personne TPL sait mal repérer ses émotions, elle voit d’abord l’insupportable d’une situation, et peine à prévenir ou porter attention à la relation.
    Les émotions et la douleur peuvent parfois aussi ne plus être ressenties, quand le malade ne sait pas qu’il est blessé, ne détecte rien mais sent comme une nausée, avec le besoin de s’automutiler pour en sortir. Dans ces mouvements dissociatifs, les troubles de la mémoire sont fréquents, et des périodes entières de la vie peuvent être oubliées. Quand la dissociation va jusqu’à la paranoïa, il n’y a plus de discussion possible.

Deux thérapies sont adaptées aux troubles TPL borderline.

Les thérapies suivantes restent encore assez peu proposées en francophonie, mais les professionnels se forment progressivement.

a) Thérapie Comportementale Dialectique lancée par Marsha Linehan (TCD)

Origine
Marsha Linehan est américaine. A 18 ans, elle est diagnostiquée schizophrène lors d’une hospitalisation où elle est soumise à des électrochocs et à l’isolement. Nous sommes en 1961, elle ne découvrira que plus tard qu’elle souffre en réalité de troubles de la personnalité limite (TPL). Désormais psychologue, elle a créé la TCD pour répondre à des problèmes qu’elle connaît bien comme malade et professionnelle. « Dialectique » signifie « intégrer et accorder une importance aux faits ou aux idées contradictoires en vue de résoudre des contradictions apparentes ».

Le but de cette thérapie est d’aider les patients à renouer avec l’envie de vivre leur vie et de la construire selon leurs propres valeurs. La thérapie combine des notions de neurosciences et de psychothérapie cognitivo-comportementaliste avec des concepts zen, comme l’acceptation et la pleine conscience (mindfulness).

Mieux vivre le moment présent
Cette pleine conscience du moment présent est importante pour tous. Lors de l’animation de nos modules de psychoéducation, nous démarrons donc nos séances par cinq minutes de mindfulness, afin d’apprendre à nous recentrer sur notre respiration et notre corps, soulager notre stress, chasser les pensées négatives, et vivre pleinement ce mot que nous enseignons dès le commencement de notre parcours afin de faire face aux difficultés : anodin, anodin, anodin…

Étapes
Marsha Linehan propose quatre étapes thérapeutiques :
• Passer de l’absence de contrôle au contrôle du comportement,
• Passer d’un état de vide émotionnel à éprouver pleinement des émotions,
• Se construire une vie ordinaire et savoir résoudre des problèmes de la vie de tous les jours,
• Passer d’un sentiment d’incomplétude à celui de complétude/connexion.

 

b) Thérapie Basée sur la Mentalisation (TBM)

La TBM a été développée et manualisée par Peter Fonagy et Anthony Bateman pour les Troubles de la Personnalité Limite. Elle permet notamment au patient d’améliorer son introspection, d’identifier ses schémas dysfonctionnels, de mieux comprendre ce qu’il pense de lui et des autres, et surtout comment ses sentiments dictent ses réactions, comment ses « erreurs » de compréhension de soi et des autres l’amènent à agir. Il apprend ainsi à donner un sens à des sentiments incompréhensibles et à devenir plus stable .

Selon le Professeur Mario Speranza, membre fondateur de l’association Connexions familiales, la plupart des techniques qu’on retrouve dans la TBM sont des éléments de base de toutes les pratiques thérapeutiques : soutien, empathie, exploration, challenge. Renforcer la mentalisation reste pourtant la cible même du traitement.

Ces thérapies, même adaptées et intégrées, n’en rendent pas moins souhaitables une formation des proches, responsables non pas de la maladie de leur être cher, mais de l’accompagner et lui fournir un environnement le plus validant possible pour soutenir ses besoins émotionnels.